Dans la grande majorité des cas de fusion-absorption, c’est la société absorbante qui conserve son SIREN. Néanmoins, il arrive que la fusion s’accompagne de modifications si importantes que la question se pose de savoir si l’absorbante ne devient pas, sur le plan matériel, une société différente. En pratique, le Code de commerce demeure clair : tant qu’il s’agit d’une fusion-absorption, c’est bien la société absorbante qui subsiste juridiquement. Elle n’a donc pas l’obligation de changer de SIREN, même en cas d’importants remaniements. Les seules circonstances dans lesquelles on procède à un nouveau SIREN, c’est lorsque la société absorbante disparaît également, créant une troisième entité distincte. On sort alors du champ de la fusion-absorption pour entrer dans celui de la fusion-création.
Certains dirigeants s’interrogent cependant : “Est-il possible de faire vivre le SIREN de la société absorbée, s’il s’agit d’une marque plus connue ?” Sur le plan strictement juridique, non. Le cadre légal impose que la personnalité morale survivante est celle de l’absorbante. Le SIREN de la société absorbée est radié. Autrement dit, si vous souhaitez capitaliser sur la notoriété d’une entité absorbée, rien ne vous empêche de garder son nom commercial ou certaines appellations. Vous pourriez par exemple adopter la nouvelle dénomination “AncienNom Absorbée – Groupe DUIZ Inc.” pour capitaliser sur la réputation gagnée précédemment. En revanche, le SIREN restera celui de la société absorbante.
En cas de fusion à l’intérieur d’un groupe, il peut arriver que la société absorbante se soit créée plus récemment que l’absorbée, ce qui semble paradoxal si la structure absorbée est historiquement plus solide. Malgré tout, d’un point de vue légal, c’est la structure absorbante qui garde “son” SIREN. Les partenaires doivent être informés de ce changement et de la répartition du capital social. Par ailleurs, le fait de devenir la société absorbante implique d’assumer l’ensemble des actifs, mais aussi des dettes, ce qui inclut des conséquences comptables et fiscales que nous verrons plus loin.
Enjeux et conséquences
Au-delà du simple questionnement sur le SIREN d’une société absorbée ou absorbante, il existe des enjeux qui dépassent l’aspect purement administratif :
• La continuité des contrats : tous les contrats en cours passés par la société absorbée, qu’il s’agisse de baux commerciaux, de contrats de travail, de contrats de service, sont transférés de plein droit à la société absorbante. Les tiers doivent être avertis que le cocontractant, d’un point de vue formel, devient la personne morale qui possède le SIREN survivant.
• Le suivi des obligations légales : la société absorbante doit respecter les obligations déclaratives (fiscales, sociales) pour l’ensemble du patrimoine repris. Il s’agit d’un point crucial pour éviter des pénalités ou omissions. De fait, le SIREN “survivant” porte également la responsabilité de la passif de l’entité absorbée.
• La réputation commerciale : le fait de conserver un SIREN peut avoir un impact psychologique pour les clients et partenaires, surtout s’il s’agit d’un numéro ancien, associé à un historique probant. Cela rassure parfois de savoir qu’on traite avec une société stable existant depuis X années, même si elle vient d’absorber une autre.
• L’accès au crédit et aux soutiens financiers : la continuité d’un SIREN peut également faciliter l’historique bancaire et les notations de crédit, puisque la structure existante conserve sa “track record”. En revanche, l’absorption d’une entité endettée a aussi des répercussions sur le bilan global, qu’il convient de bien analyser.
Toutes ces questions invitent les dirigeants qui s’apprêtent à fusionner à effectuer un audit légal et financier approfondi. Car si l’idée de s’unir est souvent motivée par une stratégie de développement, on ne peut pas ignorer les lourdeurs administratives. Pour réussir cette étape, un dialogue constant avec un avocat spécialisé en droit des sociétés, un expert-comptable et un notaire, si besoin, est vivement recommandé.