De mon point de vue, il est essentiel d’accepter le principe-même de publicité du SIREN, car il constitue un élément essentiel de la vie économique française. En revanche, vous pouvez mettre en place quelques bonnes pratiques pour concilier visibilité légitime et relative discrétion. Il est tout à fait normal de vouloir protéger sa vie privée, surtout lorsque l’on travaille de chez soi ou que l’on est exposé médiatiquement. Voici quelques recommandations, claires et directes, qui vous aideront à limiter la publicité de certaines informations que vous n’avez pas envie de diffuser.
D’abord, pensez à choisir une forme juridique adaptée à la confidentialité souhaitée. Une société, même unipersonnelle (SASU par exemple), offre des opportunités de dissocier la personne physique de l’entité morale. Cela signifie concrètement que la dénomination sociale pourra être différente de votre nom et que l’adresse de siège social pourra être distincte de votre lieu de résidence. Il faut toutefois accepter le fait que les statuts de la société et la mention du dirigeant restent publics. Cela dit, la majorité des clients ou partenaires ne vont pas fouiller en profondeur, ils se contenteront de vérifier votre existence légale.
Se faire accompagner
Pour ceux qui envisagent de créer une structure en minimisant leur exposition publique, il peut être très utile de demander conseil à des professionnels du droit ou à des prestataires de domiciliation. Par exemple, vous pouvez solliciter :
• Un avocat spécialisé en droit des entreprises : il vous conseillera sur la forme juridique la plus adaptée et sur les formalités permettant d’obtenir, dans des cas extrêmes, une certaine confidentialité.
• Un expert-comptable : il peut également vous orienter vers des solutions de domiciliation ou de partenariat qui réduisent votre exposition.
• Un prestataire en domiciliation : si vous vivez dans un petit appartement et que vous ne voulez pas afficher votre adresse personnelle, souscrire à un contrat de domiciliation vous permettra d’enregistrer votre siège social ailleurs, de recevoir vos courriers professionnels à une autre adresse et de limiter les contacts directs avec votre lieu de vie.
Certains services de domiciliation proposent même des options plus avancées, comme la réexpédition du courrier, la mise à disposition d’une salle de réunion, ou la gestion téléphonique. Ces dispositifs permettent de créer une frontière plus nette entre votre activité professionnelle et votre vie privée. Vous n’êtes bien sûr pas à l’abri d’être identifié, car vous restez dirigeant aux yeux de la loi, mais cela limite grandement les possibilités de vous localiser facilement.
Maintenir la confiance de sa clientèle
Une préoccupation fréquente est le risque de paraître peu transparent auprès des clients si vous cherchez à masquer des informations. Il est vrai qu’un certain degré de transparence est essentiel pour instaurer la confiance, surtout dans les transactions en ligne ou les activités de conseil à distance. Mon conseil est de trouver une juste mesure : partagez avec vos clients et partenaires les informations nécessaires pour établir la crédibilité de votre entreprise (SIREN, forme juridique, contact professionnel, etc.), tout en évitant de diffuser des renseignements d’ordre privé (adresse personnelle, numéro de téléphone personnel). La plupart des consommateurs apprécient qu’une entreprise soit inscrite au registre du commerce et qu’elle fournisse un minimum de garanties légales sans pour autant tout savoir de la vie personnelle du dirigeant.
Par ailleurs, n’hésitez pas à expliquer à vos clients, en cas de question, que vous avez fait le choix de la discrétion afin de préserver votre intimité et celle de votre famille, tout en restant conforme à la loi. La majorité des gens comprendront que vous n’avez pas envie que n’importe qui frappe à votre porte ou vous contacte sur votre téléphone privé. Après tout, la protection de la vie privée est un droit fondamental reconnu en France et dans l’Union européenne.
Pour conclure sur l’anonymat et le numéro SIREN, il faut rappeler que celui-ci est indissociable de la formalité de création d’entreprise et qu’il est, par nature, accessible à tous. Plusieurs millions de SIREN sont répertoriés dans la base de données de l’Insee, et les sites de consultation se multiplient pour répondre à la recherche de fiabilité économique. Cependant, être identifié comme dirigeant d’une entreprise ne veut pas dire que l’on doive sacrifier totalement son intimité. En optant pour une domiciliation professionnelle, un statut protecteur (société plutôt qu’entreprise individuelle) et une communication raisonnée, vous pouvez poursuivre sereinement votre activité tout en préservant ce qui compte pour vous.
L’important est de comprendre que la publicité du SIREN ne vise pas à nuire, mais à soutenir la transparence des échanges économiques. D’un autre côté, il vous appartient de fixer vos limites quant à la diffusion d’informations personnelles. Ainsi, vous vous conformez à la loi tout en contrôlant l’accès à votre sphère privée. De mon côté, en tant qu’entrepreneur et ancien juriste, je vous encourage à bien peser les avantages et les inconvénients liés à la diffusion de vos informations d’entreprise. Le SIREN est un outil précieux pour prouver votre légitimité, mais vous restez maître de la façon dont vous communiquez sur vous-même.